Cancer colorectal : le dépistage précoce reste la clé
dans Actualités de la clinique de l'alma
Publié le 27/03/2017
Avec 42.000 nouveaux cas par an en France, le cancer colorectal est le troisième cancer en fréquence, responsable de 18.000 décès ce qui en fait le deuxième cancer le plus meurtrier après le cancer du poumon chez l’homme et celui du sein chez la femme. Pourtant, une détection précoce permet la guérison dans 90% des cas.
UN DEPISTAGE DESORMAIS PLUS SIMPLE
Le recours au test immunologique de recherche de sang dans les selles qui est proposé depuis mai 2015 et a remplacé le test précédent (Hémoccult) s’est accompagné d’un doublement du taux de positivité, qui est passé de 2,3 à 4,7%. Cette amélioration de sensibilité se heurte néanmoins pour être totalement efficace à un taux de participation encore insuffisant (30% actuellement), alors qu’il devrait atteindre au moins 50% pour faire baisser significativement l’incidence de la maladie.
En cas de test positif, une coloscopie doit être réalisée qui permettra de découvrir un adénome « avancé » ou un cancer (en général localisé) dans 35% des cas. Dans huit cas sur dix, quand un polype est détecté, celui-ci est bénin.
Qui est concerné ?
- Si vous avez des symptômes, et en particulier du sang dans les selles, mais aussi des constipations et diarrhées inhabituelles, des douleurs possibles, un amaigrissement, une fatigue, une consultation spécialisée est indiquée, quel que soit votre âge.
- Si vous avez des antécédents personnels de polype ou de cancer colorectal, un suivi spécifique est réalisé, adapté à chaque situation.
- Si vous avez des antécédents familiaux de cancer colorectal ou de polypes, une consultation spécialisée permettra d’évaluer le risque individuel et de proposer une stratégie adaptée. Dans certains cas, le conseil pourra justifier une consultation d’oncogénétique qui peut conduire à une enquête familiale.
- Si vous n’avez pas de symptômes ou d’antécédent et entre 50 et 75 ans, le test de dépistage vous concerne et vous sera proposé par votre médecin traitant.
Télécharger ici le dépliant Mars bleu de l’Institut national du cancer (Inca)
COLOSCOPIE : LES AMELIORATIONS RECENTES
Si le test de dépistage est positif, votre médecin spécialiste vous proposera un examen clinique plus approfondi, la coloscopie. C’est aujourd’hui la seule méthode qui permette de diagnostiquer les cancers du côlon ou les lésions précancéreuses et de détruire les polypes bénins.
Photo 1. Polype à court pédicule
Réalisée à l’aide d’une sonde, la coloscopie consiste en une endoscopie digestive, qui va permettre d’examiner visuellement le rectum et la totalité du côlon. Elle est pratiquée en ambulatoire et sous anesthésie.
La préparation
Le patient doit suivre une diète liquide 2 à 4 jours avant l’examen et prendre une préparation colique. Les préparations classiques (à base de PEG) gardent un niveau de performance élevé. Mais elles peuvent être remplacées par des solutions de picosulfate de sodium, moins difficiles à absorber et aussi efficaces, à condition de bien respecter le protocole qui doit être clairement expliqué au patient.
Endoscopes HD et colorations électroniques
Le standard actuel est d’utiliser des endoscopes « haute définition » qui ont démontré leur supériorité dans le dépistage et la détection des lésions. Une fois le polype repéré, sa caractérisation est améliorée par l’utilisation de modificateurs (électroniques) de l’image qui renforcent la visibilité du relief ou de la vascularisation. Les indications thérapeutiques s’en trouvent mieux précisées, avant même le résultat de l’analyse histologique du polype.
Eléments de confort et de sécurité
La sonde permet d’insuffler un peu de gaz (CO2) au cours de la coloscopie, afin de décoller les parois, ce qui améliore le confort au cours de l’examen.
Photo 2. Large polype « granulaire » à extension latérale
LA COLOSCOPIE THERAPEUTIQUE
La mucosectomie
Cette technique s’adresse plus particulièrement aux lésions « planes » qui sont réséquées, après surélévation par une substance injectée sous la lésion dans la sous-muqueuse. Suivant la taille et la situation de la lésion, on peut obtenir des résections en une seule pièce (« monobloc ») ou par fragments qui sont ensuite complètement examinés en microscopie. La base de la lésion peut éventuellement être fermée par mise en place de « clips » qui sont également utiles pour contrôler un éventuel saignement.
Photo 3. Polype sessile étalé en « nappe » su un pli
Photo 4. Le polype est surélevé et subit une coloration « électronique »
Photo 5. Il est réséqué (enlevé) par mucosectomie
La dissection sous-muqueuse (technique en développement)
Cette technique a été initialement développée au Japon et connaît une généralisation rapide de son apprentissage en Europe. Elle permet une « chirurgie » endoscopique par des procédés de dissection sous la base de la lésion après, comme en mucosectomie, surélévation par injections répétées de substances qui permettent un décollement complet par rapport aux plans profonds. Elle s’adresse plus particulièrement aux lésions de grande taille avec pour principal avantage, par rapport à la mucosectomie, d’obtenir une pièce opératoire « monobloc », améliorant encore la qualité de l’analyse microscopique.
Conclusion
L’amélioration du dépistage du cancer colorectal en « population générale » passe par une augmentation du taux de participation (idéalement supérieur à 50%) au test de recherche de sang dans les selles pour les sujets asymptomatiques de plus de 50 ans.
Dans les autres cas, il faut recourir aux investigations nécessaires et en particulier à la coloscopie, notamment en cas de saignement extériorisé, d’autant que des statistiques récentes montrent clairement une augmentation de fréquence de ce cancer dans une population plus jeune non concernée par le dépistage habituel.
Certains cancers colorectaux sont liés à une prédisposition génétique héréditaire. Les situations à risque familial doivent être évaluées individuellement, au besoin avec recours à une consultation spécialisée d’oncogénétique.
La coloscopie a connu depuis quelques années des développements très importants grâce aux endoscopes électroniques qui procurent une qualité d’image « standard » de haut niveau, encore améliorée par des procédés de traitement de l’image permettant une caractérisation très précise des lésions . Cela s’accompagne de nouveaux procédés thérapeutiques qui peuvent parfois être réalisés dans le même temps. Ils permettent déjà en pratique quotidienne de traiter sous endoscopie des polypes de grande taille ou étendus évitant ainsi, dans de nombreux cas, le recours à un acte chirurgical.
L’amélioration des tests de dépistage et le développement de nouvelles techniques de coloscopie diagnostique et thérapeutique devraient permettre de mieux lutter contre le cancer colorectal. Plus on est dépisté tôt, meilleures sont les chances de survie.